Jour 54 : Vente de la voiture
J’arrête là…
Il est temps pour moi de stopper la première partie de ce premier volume.
Je vous laisse lire la conclusion pour en savoir plus concernant cette fin assez « inattendue ».
Je vais donc partir à la recherche d’un client pour lui vendre l’AX.
Avant ça il va falloir que je me débarrasse de tout ce que j’ai dans la voiture et que je ne pourrais pas transporter une fois à pied. Les intéressés ne manquent pas la gare routière, et je brade tout le matos que j’avais emporté et qui ne m’a pas servi.
C’est le marché au puce dans le coffre de la voiture !
Je conserve juste un sac à dos avec mes habits.
Ismaël connait des clients
Mady me dit qu’un dénommé Ismaël gère beaucoup de ventes de voiture dans la capitale Nigérienne. Il traine apparemment souvent à la gare routière et on va essayer de le croiser vu qu’on est sur place.
J’ai de la chance car il est effectivement la en train d’examiner 2 spécimens de Toyota Yaris assez récents.
Ismaël n’est plus tout jeune et il est en forme, on dirait que la vente de voitures marche bien dans le coin !
Je me présente et lui dis que j’aimerai trouver un client pour une Citroën AX essence à 1 million Fr CFA (environ 1500€).
Il me répond direct que je ne trouverai jamais personne à un tel prix mais il me propose quand même de l’amener faire un tour dans la ville avec la voiture afin de voir 2 ou 3 personnes. On ne sait jamais.
En chemin, il m’explique qu’au Niger il y a 99.99% de Toyota et que les autres marques ne sont quasiment pas représentées.
Les pièces détachées disponibles dans le pays sont donc de la même marque. Le fait de ne pas pouvoir en trouver pour sa voiture (c’est donc le cas de l’AX) fait considérablement baisser la valeur de celle-ci !!
Au fur et à mesure que l’on sillonne la ville, il n’y a que des Toyota de tous les côtés.
Sans surprise, les 3 clients qu’Ismaël m’amène voir ne sont pas intéressés. Je commence à me dire que ça va être plus compliqué que prévu… Il y en a quand même un qui me dit qu’il peut être intéressé et qu’il doit encore réfléchir car le prix est haut.
On retourne près de la gare routière et un collègue d’Ismaël accompagné de 2 jeunes, me dit qu’il va me trouver quelqu’un mais pour 600 000 Fr CFA (environ 900€). Ça me saoule c’est un peu moins de la moitié de ce que je voulais.
C’est trop peu je décide de couper la poire en 2, dernier prix 800 000 Fr CFA (environ 1200€) !!
L’acheteuse n’a que la moitié de la somme
Le collègue d’Ismaël finit par trouver une secrétaire qui a besoin d’une petite voiture pour ses déplacements. Après avoir examiné la voiture, et avoir fait semblant de s’y connaitre, elle accepte de sortir les 800 000 Fr CFA que je demande.
Il reste un problème, elle ne dispose que de la moitié de la somme et elle doit appeler son patron pour qu’il lui avance l’autre moitié.
Je ne suis plus à 3 heures prêt je patiente donc.
Je vais manger de « la pâte » comme on appelle ça ici.
C’est une farine/semoule d’une céréale mélangée à de l’eau et cuite longuement. En gros, c’est l’équivalent du Tô burkinabé. Il y a autant de variétés que de céréales disponibles ce qui donne des couleurs diverses et variées à ces boules de féculents.
La sauce qui les accompagne est souvent à base de gombos et de feuilles diverses. Le moins qu’on puisse dire c’est que ça cale bien et j’ai du mal à terminer alors que je suis un gros mangeur !
Après le repas je n’ai toujours pas de nouvelle de la secrétaire.
J’en profite pour démonter l’autoradio de la voiture car j’ai prévu de le garder. J’ai de toute façon prévenu la cliente qu’elle devrait faire sans.
La situation se débloque enfin pour mon acheteuse et, il faut maintenant s’occuper de la paperasse pour attester que j’ai bien vendu la voiture.
Là où c’est assez fou c’est qu’à l’entrée du pays j’ai signé un papier comme quoi je n’ai pas le droit de vendre la voiture et que je suis à l’heure actuelle en train d’en remplir d’autres qui attestent que j’ai vendu la voiture officiellement. C’est juste de la folie.
Ça ressemble assez à ce qui se fait en France, il faut remplir une certification de cession pour l’acheteur et un pour moi.
Embrouille pour la vente puis Interpol
Tout à coup, Ismaël se pointe ultra énervé et se met à crier sur son pote.
Apparemment son client, qui m’avait ouvertement dit qu’il allait réfléchir, veut la voiture. Sachant qu’un des 2 « rabatteurs » va toucher 5% du prix, ils leur faut plus d’une heure d’embrouille pour savoir qui permettra à son poulain d’acheter l’AX.
Je suis un peu perdu et je ne peux pas trop donner mon avis sachant que la moitié de la discussion est dans une langue que je ne comprends pas.
Moi qui pensais avoir du mal à céder mon véhicule, je me retrouve maintenant dans une querelle sans fin.
C’est finalement Ismaël qui a le dernier mot.
Franchement si c’était à moi de trancher il aurait été beaucoup plus juste de choisir son collègue et la secrétaire. Cette dernière étant vraiment déçue de la tournure que les choses ont pris surtout après avoir galéré toute la matinée pour avoir une avance…
Une fois ce bordel terminé, on remplit enfin les papiers de cession. Il faut ensuite se rendre à Interpol pour vérifier que le véhicule n’est pas déclaré volé en France !
Après 2h d’attente dans un bâtiment assez glauque on me reçoit dans un bureau et la carte grise m’est demandée. Les gars vérifient je ne sais quoi et me font un certificat attestant que tout est OK.
Le client me paie ensuite les 800 000 Fr CFA en liquide que j’envoie directement en France par Western Union. Je n’ai pas trop envie de me balader dans les rues de Niamey avec une telle somme. Sachant en plus que je dors sur un matelas à la gare routière…
Je suis désormais à pied. Ça fait longtemps que ça ne m’était pas arrivé et j’ai un pincement au cœur en repensant à toutes ces aventures que nous avons traversées l’AX et moi ces derniers mois… Je ne suis pas loin de lâcher une larme !
Dernière soirée au Niger
Un des 2 jeunes qui accompagnait le collègue d’Ismaël est gérant d’un maquis à Niamey et je passe ma dernière soirée là-bas avec Mady. C’est open bar pour nous ce soir !
La bière locale s’appelle tout simplement la bière Niger. Elle est reconnaissable à son étiquette aux couleurs du pays avec évidemment une girafe en arrière-plan.
Son gout est encore une fois très semblable à ce que j’ai pu déguster depuis mon départ. Très léger et désaltérant.
Demain je prendrai le bus pour retourner à Ouagadougou où je retrouverai Bill Wallace à qui j’ai promis de repasser après avoir fini au Niger.
Mady lui, en prendra un en direction du Togo où il continuera ses affaires.