Jour 40 : Un peu de stress et retour à Bamako

Retour à Bamako en urgence

Remis de mes émotions de la veille je prends la route en direction de Sikasso et de la frontière Burkinabée.
En me dirigeant vers la sortie de la ville un gros doute s’installe subitement dans ma tête : je n’ai pas de visa pour le Burkina et je ne sais pas si on peut l’obtenir à la frontière.

Je me gare et envoie un SMS à Gemma afin qu’elle me communique le numéro de l’ambassade Burkinabée du Mali. A la suite d’un bref coup de fil, j’apprends qu’aucun visa n’est délivré au poste frontière et qu’il faut impérativement que je fasse une demande à Bamako avant midi.
L’ambassade se trouve dans la commune III, quartier ACI 2000.

Il est 9h15 du matin et j’ai 240km à parcourir ce qui devrait être serré mais jouable, je tente donc ma chance.

Une rue de Ségou au Mali

Etape 15 : Ségou-Bamako (238km) : Première crevaison au mauvais moment !

Il est tôt et la route n’est pas trop fréquentée ce qui me permet de rouler vite.
Je croise cependant un bus assez insolite qui transporte un troupeau complet de chèvres sur son toit ! Elles sont encore vivantes et j’ai l’impression qu’elles m’observent du haut de leur perchoir.

Des chèvres sur le toit d'un bus

Comment tiennent-elles là-haut sans tomber pendant que le bus est en mouvement ???
Je n’avais pas vu trop de chargements fous en Mauritanie et au Sénégal mais la donne a clairement changé depuis mon entrée au Mali !!

Encore des chargements de folie au Mali

Stressé par l’horaire de fermeture de l’ambassade, je regarde l’heure toute les 5 minutes pour m’assurer que je suis dans les temps. A mi-chemin la voiture commence à vibrer comme si je roulais sur de la tôle ondulée.
Ce n’est pourtant pas le cas, au contraire le bitume est excellent. Je m’arrête pour voir ce qui se passe et tout a l’air normal.

Cinq minute plus tard, alors que je roule à 160Km/H, j’entends une explosion et la trajectoire de la voiture change brutalement. Je manque de me mettre dans le décor et je suis encore une fois chanceux car personne n’arrivait en face…

Vous l’aurez compris voici la première crevaison de l’aventure, et elle n’arrive vraiment pas au bon moment !
La voiture est en plein milieu de la route. Un autochtone serait resté à cet endroit pour faire ses réparations. En effet, en Afrique, quand il y a un problème avec un véhicule, les gens règlent ça sur place même si ça gêne tout le monde ! Personnellement je préfère continuer à faible vitesse afin de trouver un endroit un peu plus tranquille et surtout beaucoup moins dangereux.

Première crevaison de laventure

200 mètres plus loin, je rencontre un ivoirien seul avec sa moto en panne. Il n’a plus de carburant et la prochaine station est à des centaines de kilomètres de là où nous sommes. Heureusement un de ses amis va arriver avec une fourgonnette pour le secourir.

On a le temps de converser un peu et je lui dis que j’irai faire un tour en Côte d’Ivoire dans quelques semaines. Il m’explique que le pays n’est pas encore désarmé et qu’il est extrêmement dangereux pour un étranger, de traverser le pays par la voix routière tout seul.

Une fois la roue enlevée je me rends compte qu’elle est salement amochée !! Je ne sais pas sur quoi j’ai roulé mais le pneu est bien entaillé.

Gros plan du pneu eclaté

Je remercie mon compagnon et le salue pendant qu’il charge sa moto à l’arrière d’un vieux pick up Peugeot 504. Je repars tranquillement car il est maintenant certain que je ne serais pas à Bamako à temps pour mon visa…

En chemin c’est repas de viande de chèvre grillée (encore !) que j’ai achetée pour 3 fois rien dans un village de bord de route. J’arrive dans la capitale malienne à 12H30…

Apparemment l’AX voulait rester un peu plus longtemps au Mali !

A la recherche d’un endroit pour restaurer l’AX (feat. Soumaré)

J’ai encore toute l’après-midi devant moi et je décide de chercher un garage pour acheter un nouveau pneu et pour rafraîchir un peu l’état actuel de la voiture.
En effet les 3 mois passés à Dakar n’ont pas été de tout repos pour ma chère AX.

Un clignotant cassé, un phare cassé, le rétroviseur gauche arraché je ne sais plus combien de fois, le part choc arrière déboité… sans oublier le fameux marocain qui m’a embouti la portière dans le bateau !
Rien de catastrophique mais si je veux vendre la voiture à bon prix je dois penser à lui donner un sérieux coup de jeune.

Je n’ai pas trop envie de tourner 3 heures en voiture dans Bamako pour trouver un garage. Je pars donc à pied en espérant trouver des gens susceptibles de me renseigner.

Une rue de Bamako au Mali

Je n’ai même pas parcouru 100 mètres que je me fais interpeller par un groupe de taximans clandestins. Ce sont des taxis qui font du transport de personnes sans licence officielle.

Dans chaque pays d’Afrique que j’ai eu à visiter, il est très compliqué de marcher tranquillement dans la rue. Pour les chauffeurs il est impensable qu’un étranger ne prenne pas le taxi pour se déplacer !
Je me dirige vers eux et je fais la connaissance de Soumaré.

Une rue de Bamako au Mali

Je lui explique que je n’ai pas besoin de taxi mais que j’aimerais trouver un endroit pour faire quelques réparations.
Il a l’air de connaitre la ville comme sa poche et me demande d’embarquer dans sa voiture.

On arrive devant l’établissement d’un français qui s’occupe des véhicules de l’ambassade française. Le patron me dit qu’il faut que je prenne rendez vous et qu’il n’a pas de place avant la semaine prochaine… On se croirait en France…
De toute façon c’était beaucoup trop « sérieux » pour moi.

Le garage de Karim le carossier/peintre

Je demande à Soumaré s’il connait un endroit plus rustique et convivial, un endroit où les rares maliens qui possèdent une voiture iraient la faire réparer par exemple.

L'entrée du garage de Karim à Bamako

Je suis plutôt chanceux car il m’amène très rapidement devant le garage d’un de ses amis.
Juste après des montagnes de pneus de différents diamètres, on entre dans une cour qui ressemble plus à une casse qu’autre chose. Plusieurs épaves attendent d’être remises en état et le sol est jonché de pièces en tout genre, ça va du pot d’échappement au moteur complet en passant par des banquettes.

Il y a pas mal de monde et de voitures. Soumaré connait très bien cet endroit et il me présente Karim le peintre et gérant.
Je lui explique mon cas et il me répond qu’il faut que je lui amène la voiture pour évaluer le boulot à effectuer.

Le garage de Karim à Bamako

Un quart d’heure plus tard je suis de retour avec l’AX et Karim veut me l’acheter alors que je lui demande de me la remettre à neuf ! Il insiste mais je ne cède pas !

Je lui précise qu’en plus des réparations j’aimerais refaire complètement la peinture et écrire OMFL.FR de chaque côté. Techniquement il n’y a aucun problème pour lui, c’est donc l’heure des négociations.
Il me propose 110000 Fr CFA (170€) pour la peinture complète, la déco perso, la tôlerie, les phares à changer et le pneu. Les maliens sont beaucoup plus durs en business que les sénégalais et j’arrive seulement à faire baisser le prix de 10000 Fr CFA (15€).
Ceci dit, 100000 Fr CFA (150€) pour tout ce travail, pièces comprises, c’est une aubaine pour moi qui m’attendais au double voir au triple !

A l’instant même où on tombe d’accord sur le prix, 2 jeunes commencent immédiatement le travail. Alors que le premier démonte la calandre et les phares puis s’attaque à la tôlerie, l’autre nettoie la voiture de fond en comble.

Un jeune en train de réparer la carrosserie de l'AX
Un jeune en train de réparer la carrosserie de l'AX

Pendant ce temps Karim m’amène un nuancier afin que je choisisse la couleur que je veux. Sans surprise pour ceux qui me connaissent, j’opte pour la couleur que j’affectionne le plus depuis mon plus jeune âge : le Violet.

Karim enfourche sa Power K et fonce chercher la quantité nécessaire chez son fournisseur.

Pendant ce temps je discute avec Soumaré qui me certifie que Karim et son équipe sont des gens sérieux et que je risque bien d’être surpris par le résultat final.

Une heure et demie plus tard Karim est de retour avec 2 petits pots de peinture.

Le travail a considérablement avancé en son absence, les jeunes ont fini la tôlerie et sont déjà en train de poncer le mastic.

Karim me prévient qu’il ne pourra pas commencer la peinture aujourd’hui car je ne suis pas le seul client. Ce n’est pas trop grave, je m’estime déjà heureux qu’il se soit occupé de moi aussi rapidement !

Il fait désormais nuit et il est l’heure pour moi de rentrer me reposer un peu. Je lui laisse donc les clés au cas où il aurait besoin de déplacer la voiture.
Je lui demande à quelle heure il attaque demain car je tiens à assister à leur façon de travailler. Il me répond qu’il monte (c’est comme ça qu’on dit commencer le travail en Afrique de l’Ouest) à 7h du matin.

Réveil matinal prévu pour demain !