Jour 39 : Etape 14 : Bamako-Ségou (238Km) et ballade sur le fleuve Niger

Direction Ségou au nord-est

Les habitants de Bamako sont très chaleureux, surtout avec les étrangers.
Dans la rue je suis facilement repérable et on me salue systématiquement. Il n’est pas rare qu’on m’accoste pour me souhaiter la bienvenue au Mali et enchainer une petite discussion comme si on se connaissait depuis des années.

Ce genre de comportement est classique en Afrique, dire bonjour, demander des nouvelles de la famille et « cause » un peu font partie des choses que je retrouve souvent pendant mon voyage.

Je rencontre un ancien conducteur de SOTRAMA qui s’appelle Idrissa. Il me demande si je suis au Mali depuis longtemps et quelles sont les villes que j’ai déjà visitées. Je lui réponds que j’arrive de Kayes et que Bamako est ma deuxième escale pour le moment.

Il me dit qu’il n’y a pas grand-chose à voir dans la capitale malienne puis me parle des différents détours que je peux faire avant de me diriger vers le Burkina.

Le pays Dogon et la ville mythique de Tombouctou sont malheureusement inaccessibles pour moi. L’état des routes ne me permet pas de me rendre là-bas avec ma petite voiture.
Mon nouveau compagnon rajoute qu’en empruntant le goudron qui mène au nord-est de Bamako je pourrai rapidement rejoindre la ville de Ségou, où il est possible de faire des ballades en pirogue sur le fleuve Niger.

Itinéraire OMFL Etape 14 de Bamako à Ségou

La journée est déjà bien entamée, je remercie Idrissa pour ses conseils et je me mets en route sans plus tarder.

Bamako est coupée en 2 par le fameux fleuve, 2 ponts servent de passerelles pour aller d’un côté ou l’autre de la ville. Ils sont normalement à double sens mais en période de grosse affluence, le matin et le soir, ils deviennent à sens unique pour fluidifier la circulation.

Une fois arrivé au rond-point de la tour d’Afrique, c’est la route la plus à gauche qui mène à Ségou.

Le monument de la tour d'afrique

Je frole la catastrophe…

Le goudron est en très bon état tout au long du chemin.

Je croise énormément de transports en commun coiffés de chargements énormes, voir excessifs. La plupart sont aussi haut que le fourgon lui-même. On y trouve tout et n’importe quoi : des bagages, des animaux, des mobylettes…

Pendant que je suis occupé à prendre une photo d’un beau spécimen à travers le pare-brise, un cordage lâche et des meubles commencent à voler dans tous les sens autour de moi avant de se fracasser violemment au sol.
Je viens de frôler la catastrophe et je n’ose même pas imaginer ce qui aurait pu se passer si ce chargement été tombé sur mon AX. Cet incident m’a bien calmé et je vais maintenant garder mes distances.

Négociation avec des pêcheurs de l’ethnie Bozo

A l’entrée de Ségou, il y a de nombreux hôtels et il faut continuer pour enfin voir les rives du fleuve Niger.

Je me gare et quelques mètres plus loin je tombe sur un gardien qui me demande si j’ai besoin d’aide.
Il me dit qu’il connait très bien la région et que si je suis intéressé il peut contacter des pêcheurs Bozos qui me conduiront jusqu’à Farako.
Il ajoute que c’est un village de brousse où on peut voir la fabrication de poteries artisanales.

Le premier prix des pêcheurs est de 15000 Fr CFA (23€) mais j’arrive à négocier un tarif final de 10000 Fr CFA (15€).

Le gardien me certifie qu’il faut 1H30 en pinasse pour atteindre le village et que je serai de retour avant la nuit. Il me propose de surveiller gratuitement la voiture pendant mon absence.

Les 3 jeunes pécheurs mettent donc une petite pirogue à l’eau.
L’un d’eux dépose une natte orange et noire à l’avant de cette dernière afin que je m’y assoie. Ce n’est ma foi pas très confortable. Il m’est impossible de changer de position car si je bouge trop je risque de faire chavirer notre « navire ».

Le fleuve Niger

Le fleuve est large et très calme, je ne distingue aucun courant. La profondeur n’excède pas 1 mètre 50 et deux pêcheurs se relaient pour pousser notre embarcation à l’aide d’un grand bâton en prenant appui sur le fond du fleuve.
La pirogue est trouée et l’eau si engouffre, le 3ieme a pour mission d’écoper au fur et à mesure de notre avancée.
Je ne sais pas si c’est fait exprès mais un homme remplit cette tâche dans chacune des embarcations que l’on croise.

On longe la rive pendant une bonne heure. J’aperçois beaucoup de manguiers, certains exhibent d’étonnantes racines.

Des manguiers avec des racines impressionantes sur les bords du Niger

La population locale est majoritairement Bozo. Ils sont pêcheurs de tradition et utilise beaucoup le Niger dans leur vie de tous les jours, ils sont même considérés comme les maîtres du fleuve.

Des filets de pêche sur les bords du fleuve Niger
Des pêcheurs en train de pêcher sur le fleuve Niger

Le nombre de pirogues est énorme, elles sont ornés de motifs colorés et l’année de construction est inscrite à l’avant de celles-ci.

Une pirogue bariolée sur le fleuve Niger

Le fleuve n’est pas seulement une grosse réserve de poissons, des mamans y lavent du linge pendant que leurs enfants se baignent.
Il y a aussi des gens qui rapatrient du sable provenant de l’autre rive. Ce dernier servira à faire du mortier pour les constructions.

Des autochtones en train de faire leurs lessives dans le fleuve Niger

On s’éloigne enfin du bord et la profondeur n’augmente toujours pas, il va falloir atteindre le centre du fleuve pour que la longueur des bâtons ne soit plus suffisante pour nous faire avancer. Heureusement, une petite rame été prévue et un jeune pagaye une poignée de secondes pour nous rapprocher de l’autre rive.

L'autre côté du fleuve Niger

Celle-ci est plutôt sableuse, je comprends mieux d’où vient le sable contenu dans certaines pirogues.
J’aperçois quelques oiseaux et 2 ou 3 villages Bozos qui sont les rares traces de civilisation de ce côté-là.

Un village bozo sur les rives du Niger

Le cours voyage en pirogue devient interminable…

On a quitté Ségou depuis plus de 2 heures et toujours pas de Farako à l’horizon.
Sur mes 3 accompagnateurs 1 seul a des notions de français et il est très difficile pour moi de communiquer avec lui et de lui demander la distance qu’il reste à parcourir. Il me répond toujours qu’on arrive dans une minute…

Le voyage ne devant pas durer, j’avais prévu une seule petite bouteille de soda aromatisée à l’ananas pour me désaltérer. Cette dernière est désormais terminée et la soif devient de plus en plus dure à supporter.
Je suis donc contraint à boire l’eau du fleuve comme si j’étais un autochtone. Heureusement que je suis résistant à ce genre de chose, il n’y aura aucune conséquence sur mon organisme mais je vous déconseille de m’imiter.

Vue des sandales sur notre pirogue

Ca fait maintenant 3 heures que nous naviguons sur le fleuve et je commence à perdre patience.
Je me dis que les jeunes pêcheurs ne savent même pas ou ils vont. Je leur fais comprendre que je n’en peux plus et que je préfère rentrer si on se dirige vers nulle part.

Les pêcheurs ont enfin accostés notre embarcation

L’un de mes accompagnateurs à l’air de comprendre mon énervement et on accoste en pleine brousse. Je n’ai pas la moindre idée de l’endroit où on se trouve.
La seule chose dont je suis sûr est que la nuit ne va pas tarder et que vu la durée du voyage on va rentrer dans le noir…