Jour 37 : Etape 13 : Kayes-Bamako (614km)
La boisson fraiche devient un luxe
Comme à Goudiri, la chaleur n’attend pas à Kayes, ça cogne dur dès le matin.
Un panneau indique la capitale, de toute façon les différentes directions sont peu nombreuses à cet endroit du globe terrestre.
Après avoir passé le pont à la sortie de la ville, la route est endommagée sur les 150 premiers kilomètres et la multitude de nids de poules ne m’autorise pas à rouler vite.
Le paysage sans relief auquel j’avais eu le droit pour le moment en Afrique noire laisse place à quelques collines pendant un court tronçon.
Il n’y a vraiment rien entre Kayes et Bamako, je pense à mon ami Jacques qui est passé ici en vélo et qui a dû dormir dans la brousse à plusieurs reprises.
Même les petits villages sont très rares. J’en trouve un mais il semble désert, je pense que c’est la chaleur qui force ses habitants à rester dans les cases carrées faites de terre séchée.
A mi-chemin je fais le plein d’essence à Diéma, seule ville présente entre le point de départ et d’arrivée de cette etape.
Il n’y a pas d’autre station-service sur mon trajet d’aujourd’hui.
J’en profite aussi pour acheter de la boisson à des vendeurs ambulants. Ils se baladent avec leurs glacières remplies de minuscules pains de glace, le plus souvent à moitié fondus, ce qui ne rafraichit vraiment pas leur marchandise.
Dans les boutiques le courant est souvent absent ce qui fait que les frigos ne fonctionnent pas et c’est donc la même chanson.
Trouver de la boisson ou de l’eau fraiche s’avère compliqué.
Emeute de vendeuses à un controle de police
La saison des pluies a débuté dans les environs de Bamako, ça se ressent car le paysage est très verdâtre à l’heure actuelle. J’apprendrai par la suite que, quand il ne pleut pas il est rare de voir des feuilles dans cette zone.
J’ai le droit à une courte averse, une première pour moi en Afrique noire. J’ouvre la fenêtre pour profiter de la fraicheur éphémère créée par les grosses gouttes qui s’abattent sur le sol sec du Mali.
Je croise un fourgon sur le toit duquel se trouvent des chèvres vivantes. A l’arrière de ce dernier 2 hommes, qui s’accrochent comme ils peuvent, veillent à ce que le bétail ne dégringole pas en cours de route. Situation insolite pour moi mais tellement fréquente ici.
Je suis presque rendu à destination et je tombe sur un contrôle de police.
L’officier amène mon passeport dans une case pendant que je patiente.
Une horde de vendeuses assiège la voiture pour me vendre à manger ou à boire. Trois femmes me proposent les mêmes beignets et quand je leur fais savoir que je suis intéressé, elles s’embrouillent entre elles pour savoir qui était la première à m’offrir cet encas.
L’une d’entre elle me jette un sachet sur les genoux pour me forcer à choisir sa marchandise, je suis vraiment dans une situation délicate pour faire mon choix.
De plus le flic revient et il ne peut même pas accéder à mon véhicule.
Il disperse la foule sans trop de problème en criant je ne sais quoi en bambara et me rend mes papiers.
Je paye ensuite une des vendeuses et je goutte ces beignets qui sont gras à l’excès. Si j’en presse un l’huile d’arachide coulent carrément tellement ils sont imbibés.
Entrée dans la capitale malienne
Je dois ensuite contourner une colline pour rentrer dans Bamako.
L’entrée de la ville est marquée par un tas gigantesque d’ordures sur lequel se trouve un troupeau de vaches maigres qui broutent ces déchets comme si elles étaient dans un pâturage.
La douane est postée juste à côté du panneau qui signale le début de l’agglomération de Bamako.
Je m’arrête mais ils me disent qu’ils s’occupent exclusivement des nombreux camions qui stationnent sur le bord de la route.
Je parle un peu avec eux, et contrairement à leurs homologues sénégalais, ils ne cherchent en aucun cas à me prendre de l’argent et sont d’une extrême amabilité.
En me voyant prendre des photos le boutiquier d’en face me fait signe de venir et me demande si je suis un journaliste de la télé française. Je lui réponds que non mais il veut quand même que je prenne un cliché de lui pour le mettre sur internet.
Fait très rare en Afrique où la population est extrêmement réticente aux appareils photo.
En effet, le « syndrome de la carte postale » est très présent partout où je passe. Ils ont peur de finir sur les cartes qui circuleront en Europe et de ne pas toucher l’argent qui leur est dû pour ça !
J’appelle la maman de Kanté (le jeune Malien que j’avais rencontré au nord de la Mauritanie) mais il avait omis de me préciser qu’aucun des membres de sa famille ne parlait français… La conversation est vite écourtée quand ils se rendent compte que la communication est impossible.
Saison des pluie = invasion de moustiques
La nuit commence à se faire sentir et je me retrouve sans contact dans les rues chaotiques de Bamako.
Je tourne un peu je me retrouve dans le quartier de Niaréla. Je tente ma chance au Cauris Lodge qui me propose une chambre ventilée à 10000 Fr CFA (15€). Cette auberge est tenue par une française qui est au Mali depuis plus de 30 ans.
Malgré le mal fou qu’elle a à me trouver un ventilateur opérationnel, le confort y est exceptionnel. Eau chaude, wifi, moustiquaire, etc… Ce n’est pas ce que je recherche mais il est un peu tard pour trouver autre chose.
Le soir je fais la rencontre d’un métisse malien/français qui me dit que j’ai un accent sénégalais, remarque que mes amis m’avaient déjà faite lors de mes coups de fil en Europe. Décidément j’ai vraiment passé beaucoup de temps au pays de la téranga.
Il m’invite à boire un verre puis à se joindre à lui pour le repas du soir. Contrairement à moi il ne mange pas local, on va donc dans un resto européen ce qui me fait une impression vraiment… bizarre.
Il me raconte qu’il est choqué par l’état actuel de Bamako. Il voulait acheter une maison ici mais à changer d’avis et repart demain.
C’est la saison des pluies et les moustiques pullulent dès la tombée de la nuit, la moustiquaire est indispensable pour dormir. Je n’ai pas prévu de répulsif et je m’en mords les doigts car je me fais mitrailler de tous les cotés !